L\'ombre et la lumière

Ce soir, elle vient. Je ne la connais pas mais elle a été sa maîtresse quelques années dans son ancienne vie. Je sais que ce soir je ne participerai pas. J'y pense depuis quinze jours, et dire que cette idée vient de moi. Je suis folle parfois. J'ai fait les courses pour qu'ils puissent manger un bon petit plat. J'ai mis la table : deux couverts. Je ne mangerai pas ce soir. Dans à peine une heure, elle sera là. Il m'attache au pied du lit, une couverture pour seul vêtement. Un regard et un je t'aime. En fermant la porte, un petit « sois bien sage » me met la boule au ventre. J'attends. La sonnerie, elle est là. Plus moyen de faire demi tour. Je les entends à peine de la chambre. Elle ne connaît pas ce nouvel appartement. Il lui fait visiter. Je ne m'attendais pas à cela. Elle va me voir. Je panique, j'essaye de me glisser sous le lit, mais impossible, pas assez de place. Mon cœur s'affole. Ils s'approchent de la chambre, « voilà la chambre à coucher », « c'est joli chez toi ». Je l'entends vraiment proche. Je me suis cachée sous la couverture, j'arrête de respirer, je ferme les yeux...si cela pouvait me faire disparaître. Je ne veux pas la choquer, elle ne sait pas que je suis là, je ne veux pas qu'elle l'apprenne comme cela. Il a eu beau me dire qu'elle était très joueuse, j'ai peur de sa réaction. Ouf, ils s'en vont, elle ne m'a pas vu. Le repas commence, je les entends rire. J'essaie d'entendre ce qu'ils se disent. Pas moyen, quelle frustration ! Je l'entends qui vient vers la chambre, elle vient ! Elle vient me voir : « je voulais juste voir si c'était vrai », j'ai honte. Ils vont dans le salon, les sons sont plus clairs, des vêtements qui tombent, des bruits de corps qui se touchent. Mon ventre me fait mal, j'ai mal et en même temps, cette excitation qui monte en moi. J'ai la tête retournée et mon corps en ébullition. « viens on sera plus à l'aise dans la chambre ». Voilà, ils sont sur le lit, elle l'embrasse, le suce. Je l'entends prendre du plaisir. Elle s'installe à quatre pattes, il passe derrière elle, et me regarde. Il me regarde tout en la prenant sauvagement. Ses yeux dans les miens, je me sens comme rien, une petite chose insignifiante. Elle hurle son plaisir, il gémit. Cela va durer toute la nuit. Et moi, je reste là, à entendre, à les voir, à me tordre de frustration et d'excitation.